Dans Perfect Blue, une jeune actrice, Mima voyait des éléments de la série télévisée dans laquelle elle faisait ses débuts envahir sa vie réelle.

Millenium actress était une exploration de la vie d'une grande actrice, à la fois une plongée dans l'histoire du Japon et dans l'histoire du cinéma.

Tôkyô Godfathers suivait les déambulations de trois sans-abris dans la ville la plus vaste, la plus peuplée et la plus riche du monde. Pour la première fois, Kon, confrontait alors des mondes bien réels.

Avec Paprika, il revient à une approche des rapports du réel et de l'imaginaire, procédant avec un talent consommé à une mise en abyme de la matière même du cinéma, cet art de la mise en image des rêves des plus incroyables. Son film, comme les précédents, fourmille de références, principalement au cinéma de prise de vue réelle, mais jamais elles ne prennent le pas sur le développement de l'histoire, ni sur les enjeux de sa mise en scène. Kon expérimente avec beaucoup d'humour des jeux sur l'espace et le temps, réinventant avec un bonheur jubilatoire les codes et les règles de l'écriture filmique. Ne nous y trompons pas : Il s'agit d'un réalisateur d'une culture peu commune, fin connaisseur de l'oeuvre de Tati, Resnais, Kubrik ou Kurosawa. Il paraît impossible, en une seule vision, d'épuiser la richesse visuelle et thématique de Paprika. C'est un film sur le cinéma, sur le rêve, sur le rêve dans le cinéma, sur le cinéma dans les rêves, les personnages eux-mêmes se perdant parfois dans les méandres de plusieurs mondes qui tous, possèdent leur propre domaine d'existence, réel ou imaginaire.

On remarquera que pour ce film, Kon Satoshi s'est attaché les services d'un directeur de l'animation peu ordinaire, en la personne de Masashi Ando, transfuge des studios Ghibli où il a dirigé l'animation du Voyage de Chihiro. Les spectateurs attentifs pourront aussi remarquer dans le film plusieurs apparitions du réalisateur lui-même, et de son scénariste...