Le lien de la vie

 

Qu'est-ce que la vie ?

La réponse à cette question conditionne un certain nombre d'attitudes et de pensées, que nous développons et mettons en pratique sans vraiment y réfléchir.

La définition biologique de la vie pose pourtant des limites que nous devrions toujours avoir à l'esprit : la vie commence par une fécondation et finit par la mort.

Eros (l'amour) et Thanatos (la mort), les deux faces de la même médaille.

Ce qui se trouve entre les deux faces, c'est ce que nous appelons la vie.

Pour les êtres vivants, la vie consiste en grande partie à lutter pour exister. Trouver de la nourriture et de l'eau, se protéger des dangers qui nous entourent, afin de pouvoir se reproduire avant de mourrir.

Nous sommes (à ma connaissance) les seuls êtres vivants à nous poser des questions sur cet état de fait. Mais qu'on se pose des questions ou non, la réalité est là. On peut la fuir, on peut l'ignorer, mais tôt ou tard elle nous rattrape.

Lecteur, toi aussi, tu vas mourir un jour.

Mais avant cela, comme tous les êtres vivants, nous sommes tous confrontés aux bonheurs et aux malheurs qui remplissent le court temps que nous passons sur cette Terre. Joies, jouissances, plaisirs, mais aussi maladies, haines, souffrances ...

Il est certes difficile de se prononcer sur la façon dont les plantes ressentent ou non le déroulement de leur vie. Mais pour les animaux, quiconque ouvre les yeux peut voir que leurs vies, petites ou grandes, sont jalonnées des mêmes balises.

Ce point commun nous relie à tout le règne animal.

C'est ce que j'appelle le lien de la vie.

Notre originalité, en tant qu'êtres humains, est cette capacité à prendre conscience de ce lien.

Bien sûr, on peut penser à l'après-vie, et établir alors une séparation infranchissable entre l'Homme et l'animal. Il suffit de considérer que l'Homme a une âme et pas l'animal.

Pourtant, que nous ayons une âme ou non me semble hors sujet.

Ce qui se passe après la mort ne change rien au fait de souffrir, de vieillir et de mourir. Trouver un sens à la Vie dans une après-vie, c'est occulter le problème.

Si nous voulons comprendre la nature de la Vie, c'est en partant de ce que nous voyons qu'il faut réfléchir.

Ce que nous voyons, c'est que la Vie n'est qu'une succession de générations qui naissent, grandissent, désirent, aiment, vieillissent et meurent.

Et pourtant, il y a autre chose : nous sommes des êtres sensibles. Nous éprouvons des émotions, des sentiments et des sensations. Cette sensibilité n'est pas le propre de l'homme, mais de tous les animaux dits 'supérieurs'.

Placer une limite entre animaux sensibles et non-sensibles est une entreprise incertaine. Quand on écrase la patte d'un scorpion, souffre-t-il moins que l'homme auquel on écrase la main ?

C'est encore un faux problème. La question n'est pas d'ordre quantitatif mais qualitatif. Le vrai problème, c'est que les deux souffrent.

Voila le sens profond du lien qui nous uni au monde vivant. Notre existence est régie par les mêmes contingences, les mêmes limites. Si je fais souffrir un être, quel qu'il soit, la souffrance qu'il ressent est de la même nature que ma souffrance d'humain.

Nous ne pouvons pas empêcher notre naissance, ni notre vieillesse, ni notre mort. Mais la prise de conscience de notre lien avec les autres, humains ou animaux, peut nous inciter à agir sur cet unique paramètre variable de nos vies : la souffrance.

 

Gildas